Kenya

Tsavo, safari sur la piste rouge

Jour 9, route vers le Tsavo

En choisissant la piste comme itinéraire, Daniel nous a non seulement fait gagner 130 km, donc du temps, mais nous permet d'entrer dans l'intimité des villages.

Nous voyons beaucoup de cases traditionnelles en terre, beaucoup de détritus hélas aussi.

La plupart des gens que nous croisons, tous à pied ou à vélo, nous saluent amicalement et nous sourient.

Mais nous rencontrons aussi des Massaï, la mine sombre, avec des ânes chargés de bidons.

-"ici malheureusement ces gens sont obligés de marcher très loin pour trouver de l'eau.

Il y a des puits mais ils sont tous à sec. Et le gouvernement ne fait rien!" nous explique  tristement Daniel en regagnant la route.

Preuve que l'immense parc n'est pas clôturé, ce panneau de signalisation et des bouses d'éléphant sur les bas côtés:

La vitesse est limitée à 70 km/h et il y a beaucoup de dos d'ânes

(ils appellent ça des pélicans)

La route sépare Tsavo Est et Tsavo Ouest, les 2 parcs les plus anciens, d'une superficie énormissime.

Sur des kilomètres, aucune habitation, "l'arrêt technique" se fera donc derrière ce baobab.

Anecdote : Cet arbre sublime a souvent été abattu car longtemps mal considéré à cause de stupides croyances comme celle qui  transformera un homme en femme s'il tourne 7 fois autour !

Nous apercevons de nombreuses gazelles, ainsi que des zèbres et du duvet vert sur le sable rouge, mais la région souffre d'une grande sécheresse.

Les Massaï ne sachant plus où faire paitre leur bétail, n'hésitent pas emmener chèvres et vaches à l'intérieur même des parcs et réserves.

 

Le camp Sentrim

Le théâtre de la vie sauvage! Quel beau titre poétique!

 

Nous arrivons au Sentrim Camp vers 13H.

D'une catégorie toute différente au luxueux Kibo, je le trouve simple et authentique, ce qui me convient parfaitement.

-"je vous laisse vous installer dans votre tente, nous dit notre guide, et puis allez déjeuner, vous demanderez impérativement la table que vous a réservé Daniel! Insiste t-il!!

 

Nous saurons bientôt pourquoi, oh cher Daniel "asante sana" (merci beaucoup)!

Notre table (et c'est la seule) se trouve justement aux premières loges du théâtre de la vie sauvage.

Nous mangerons donc face à des petits Koudous et plus tard face aux éléphants (d'où le grillage électrifié)

Simple, notre tente dispose toutefois de lits avec moustiquaires, douche et WC et d'un petit ventilateur. Soudain un bruit sur la toile : des lézards se coursent au dessus de nos têtes!

ANECDOTE: en sortant de la tente, Ilona qui n'est pourtant pas chochotte, lance des cris: "aaahhhh il y a quelqu'un dans mes cheveux!!! Au secours!!" ...... Ce n’étaient que ... quelques sauterelles (ou criquets)!!!!!

Après le repas, nous allons profiter de la magnifique piscine. Il fait très chaud. Nous ne serons pourtant pas allongées longtemps sur nos transats, car entourées de sublimes lézards dont l'agama ci-dessous (plutôt craintif et difficile à photographier):

safari du soir

Daniel nous attend pour 16H30 "on va rester en brousse jusqu'à la nuit, vers 18H30 - 19H, dit-il, on espère toujours voir le léopard, alors je compte sur vous, oeil de lynx!"

J'aime beaucoup le Tsavo pour la couleur de sa terre, mais l'observation des animaux n'est pas simple en raison de la végétation. De plus les pistes sont peu nombreuses et plutôt en longueur, ce qui nous empêche "d'encercler" un animal en le contournant comme c'est possible de le faire à Massaï Mara ou Amboseli (s'il n'y a pas de marécage).

Le ciel chargé nous offre à nouveau une palette de couleurs éclatantes.

Magnifique piste typique du Tsavo.

C'est parti!

Ces éléphants en grand nombre sont très proches de notre tente (on aperçoit le fil électrique qui protège le campement)

Et on ne se lasse pas d'admirer les pachydermes.

"Au Tsavo je me méfie, explique Daniel, on ne peut pas trop s'approcher, ils sont plus agressifs car il y a encore beaucoup de braconnage. Le parc est si immense que les rangers ne peuvent pas être partout... L'an dernier un Allemand est sorti du véhicule d'un de mes collègue et s'est fait tuer devant sa femme et son enfant! Certains touristes sont vraiment irresponsables!"

-"il t'es arrivé des aventures avec les éléphants?" demande Stéphane

-"oui, rigole notre cher guide, un jour il y en a un qui a voulu embrocher la voiture avec ses défenses. Y avait une bosse, rien de cassé"

Un petit qui tète.

Et ces zèbres qui ont changé de couleur eux aussi!

Je crois que cet oiseau gris aux pattes rouges à gauche est un faucon (à moins que ce soit la galinette cendrée - je rigole-), mais à droite c'est un calao à bec rouge

Mais il y a plus impressionnant et jamais vu, cette outarde de Kori (rebaptisée outarde Corinne, of corse!), se pavanant dans un fabuleux jeu de séduction, faisant gonfler son cou et remontant les plumes de sa queue, pour attirer une femelle:

Et voici la femelle Kori (ne). Sera t'elle charmée??

En voilà un qui s'est fait une belle frayeur: le chacal

J'entends Daniel communiquant avec ses collègues à la radio, dire "chui" et "wapi" et je comprends : léopard, où ça? Mais toujours aucune trace du fauve.

Le soleil décline doucement...

Nous rentrons au camp vers 19H après avoir aperçu un guépard, de loin.

Après une douche express, nous sommes au restaurant à 19H30 pour être sûrs de conserver nos privilèges (la table réservée par Daniel).


Des éléphants sont groupés près du point d'eau et communiquent par grognements.

La sérénité de ce moment magique est pourtant brisée par l'apparition.... d'un scorpion sous la table voisine!!  Safari partout je vous disais...

ANECDOTE: de retour dans la "chambre", Ilona a un souci avec une grosse araignée suspendue dans le coin du "plafond". Impossible de l'attraper, je la rassure: "tu vas mettre la moustiquaire et Madeleine (autant se tutoyer quand on partage l'intimité et qu'on dort ensembles dans la même pièce) va rester dans son coin.                        

Ilona finira par s'endormir sereinement mais l'histoire n'est pas terminée (voir ici)

Le lendemain matin nous bouclons à nouveau les bagages à la lampe frontale avant le lever du soleil.


Dernier safari matinal

jour 10

Départ à 6H (!) pour ce dernier safari matinal de 2H avant de prendre la route vers la côte.

Nos efforts sont très vite récompensés:

Quelle rencontre émouvante, quelles impressionnantes défenses et de suite on pense hélas que cet animal sublime est en danger...

En tout cas quelle chance, quel privilège d'avoir pu l'approcher de si près.

"asante sana tembo, prends soin de toi!"

Il est presque 8H, nous nous dirigeons vers la sortie du parc, je reconnais la piste centrale, l'allée Voi, quand je m'assoie. Daniel accélère un peu, et je sens une grosse mélancolie m'envahir. Voilà c'est fini, on quitte la brousse. On a vécu des moments merveilleux, on s'est sentis si bien, c'est passé si vite...

-"Corinne, tu te lèves tout de suite, tu prends ton bazouka, ton appareil tout ce que tu as, TOUT DE SUITE!!! " m'ordonne Daniel sur un ton sans plaisanterie.

J'obtempère immédiatement.

-"Quoi?? Qu'est ce qu'il y a?" Daniel s'est arrêté, un immense sourire sur le visage et je ne vois toujours rien.

-"Un LÉ-O-PARD!!! Couché là devant toi!!!

J'HALLUCINE !!! A la dernière seconde alors que nous partions!!!

C'est incroyable !!!

Nous restons là à l'observer durant de longues minutes.

-"on va attendre, chuchote Daniel, il est embêté par les mouches, il va monter dans un arbre!"

Le voilà qui avance vers nous, j'arrête de respirer, mais l'arbre ne lui convient pas, ou bien nous sommes trop près... Et il repart!

Va rejoindre un arbre un peu plus loin et d'un saut magnifique s'élève majestueusement,

nous jette un dernier coup d’œil et disparait plus haut, dans le feuillage.

Aurait il été derrière un buisson nous ne l'aurions pas vu,

aurait il été dans l'arbre, nous ne l'aurions pas vu!

Quelle incroyable chance!!!

Un 4x4 arrive en trombe, ...c'est trop tard pour eux...

-"Tu vois Ilona, dit Daniel, c'est pourquoi je voulais partir si tôt. Si on était partis rien que 30 minutes plus tard, on l'aurait loupé !"

Je dépose un bisou claquant sur la joue de Daniel.

Et c'est le cœur gonflé d'allégresse que nous prenons la route vers Diani.